La France détient le peu glorieux record européen de surfaces aménagées dédiées aux activités commerciales. Accusées de tuer le commerce de centre-ville, de sacrifier des terres agricoles et de favoriser le modèle du « tout bagnole », les zones commerciales n’en finissent pas de s’étendre en périphérie des villes et sont aujourd'hui elles-mêmes rattrapées par le tissu d’habitations pavillonnaires. Pour les promoteurs, les règles du jeu sont simples et plusieurs facteurs viennent expliquer ce phénomène typiquement français : cadre légal avantageux, réussite du modèle de la grande distribution, réseaux de voiries et de dessertes très denses…
Ces zones, je les fréquente surtout le dimanche, lorsqu'elles sont vides de toute présence humaine, de toute substance vivante. L'essence même du lieu s'y révèle : tout y est fonctionnel et répond aux exigences de flux, de visibilité et de consommation de masse. Le degré 0 en matière d’urbanisme et d’architecture. En tant que dessinateur-projeteur, c'est cet aspect que j'ai souhaité souligner en utilisant des modèles de plans et des outils de DAO (Dessin Assisté par Ordinateur). Sur mes photos, les enseignes bien connues des magasins cèdent leur place à des plans de réseaux ou d'aménagement de voirie.
Je vous propose une déambulation dans ces zones qui ont été pensées pour l’automobiliste, afin d’en faire un état des lieux qui invite les décideurs et les élus locaux à prendre conscience de cet échec en matière d’urbanisme et qui pose les questions suivantes : à l’heure où l’on constate une prise de conscience écologique, quel est l’avenir de ces zones ? Comment y créer de la ville ? Comment revoir la notion d’habiter la ville ?
Date de création de la série : 2019